Déroulement chronologique
Sommaire
- Préparation et mise en place
- Ramassage des oeufs
- Mirage des oeufs
- Éclosion
- Croissance des plumes sous la peau
- Pneumonie par aspiration
- Sortie des tubules des ailes
- Suite de la croissance (8e jour de l'oisillon)
- Suite de la croissance (9e jour de l'oisillon)
- Ouverture des yeux
- Suite de la croissance (11e jour de l'oisillon)
- Photos et vidéos du nourrissage
- Ouverture des plumes (dépigmentation !)
- Ailes et corps entièrement plumés (15e jour de l'oisillon)
- Mise en cage et vidéos comportementales (déplacements,...)
- Pousse des plumes de la queue
- Aménagement final de la cage
- Début du sevrage
- Ouverture de la cage et changement alimentaire
- Régurgitation
- Premier bain
- Suite de la croissance (1er mois de l'oisillon)
- Vidéos comportementales (bain, sevrage,...)
- Départ de l'oiseau et fin de l'expérience
- Courbe de croissance
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- Préparation et mise en place : mai 2011 à avril 2012 (sommaire)
L'élevage d'oisillons nidicoles est extrêmement délicat, encore plus concernant les espèces sauvages pour lesquelles il n'existe pas de nourriture réellement adaptée à partir de l'éclosion. Mon témoignage se porte sur l'espèce Turdus merula (merle noir) ; je précise à nouveau qu'il s'agit d'un élevage à but didactique et qu'à cause des difficultés inhérentes, je déconseille fortement sa reproduction.
Après des recherches approfondies sur le matériel, les techniques et les conditions d'élevage, j'ai pu mettre en place un protocole qui m'a paru adéquat pour mener à bien cette tentative. Voici un résumé des préparatifs effectués durant les mois précédant le début de l'expérience :
Habitat :
Les oeufs et les oisillons seront maintenus dans une couveuse afin de gérer convenablement la température et l'humidité. Je dispose déjà d'une couveuse m'ayant servi dans un élevage de cailles, il s'agit du modèle à retournement automatique de la marque covatutto 24 eco.
La couveuse régule les fonctions vitales
Une fois les oisillons éclos, ils seront placés dans des nids à l'intérieur de la couveuse. Ceux-ci sont tapissés de "matériel de nid", de petites pelotes offrant à la fois chaleur et douceur. Je mets au-dessus du papier ménage que je changerai plusieurs fois par jour afin de garder le nid propre.
Le matériel de nid est utilisé par les oiseaux en tant qu'isolant
Un espace de travail est aménagé sur une étagère où les oisillons seront placés lors de la becquée. J'y installe un autre nid et une lampe infrarouge pour que les petits ne prennent pas froid durant ces manipulations.
L'installation générale
Alimentation :
La pâtée pour insectivores et la purée d'élevage pour oisillon disponibles en animalerie ne conviennent pas et son inadaptées pour les jeunes nidicoles sauvages. J'ai déjà été témoin il y a quelques année d'un oisillon mort de troubles digestifs, et il existe de nombreux témoignages similaires.
Les premiers jours, les oisillon ont besoin d'enzymes digestives absentes de la plupart des aliments
Je commande donc de la purée spéciale "hand-feeding" (nourrissage à la main) des marques Tropican et Kaytee, des mélanges spécifiquement conçus pour élever des oisillons nidicoles dès l'éclosion (contenant des enzymes digestives et des nutriments particuliers). Sachant qu'il s'agit de formules pour les psittaciformes, mais que leur contenu me parait le plus adapté parmi les rares purées d'élevage sur le marché. Je devrais sans doute varier les apports pour éviter des carences sur le long terme.
La nourriture est administrée à l'aide d'une seringue de 1ml, dont je récupère plusieurs exemplaires chez un vétérinaire.
Deux types de purées sensiblement équivalentes dans leur composition
Hygiène :
Je me procure deux types de désinfectants sous forme liquide :
- un premier produit standard à base d'alcool que j'utiliserai après le nourrissage pour me laver les main et pour nettoyer la place de nourrissage.
- un second produit à base d'ammonium qui servira à nettoyer la couveuse, ainsi que les mains et le matériel avant chaque becquée.
Seuls certains composants permettent de détruire efficacement tous les germes
Tous les ustensiles sont rigoureusement lavés et désinfectés avant d'être employés. Mes mains seront systématiquement désinfectées avant les manipulation et je porterai un masque afin d'éviter de déposer des germes sur les oisillons ou le matériel.
La salive et l'humidité de la respiration peuvent transférer des bactéries aux oisillons
La nourriture est préparée dans un nouveau récipient à chaque becquée (tasses en plastiques) et mélangée à l'aide de cuillères jetables. La purée d'élevage est conservée au réfrigérateur.
Le matériel jetable permet d'éviter les sources de contamination oubliées au nettoyage
Les papiers ménages souillés (par les déjections, l'eau ou la nourriture) sont immédiatement changés. La couveuse est lavée tous les 5 jours en moyenne, l'eau des bacs est par contre remplacée tous les 3 jours.
Je repère un nid de merle dans les environs de Prilly, dans une haie au bord d'une route. Les oeufs viennent d'être pondus, il y en a 3 et la femelle a déjà commencé à les couver.
Merlette dans son nid
J'installe la couveuse et le matériel afin de pouvoir débuter l'expérience le lendemain.
Je retourne chercher les oeufs : il y en a désormais 4, mais je n'en prends que 2 en espérant qu'ils soient fécondés. Je les installe dans la couveuse à une température de 38°C (100°F).
Les oeufs de merle sont bleutés (photo de 2011)
Mon conjoint retourne vérifier que la femelles est bel et bien retourné couver les oeufs restants.
Je mire une première fois les oeufs (illumination avec une lampe pour voir au travers) : ils sont tous deux fécondés, je peux voir les vaisseaux sanguins tapisser les bords internes et j'arrive même à distinguer l'embryon qui s'agite dans le liquide.
Les vaisseaux sanguins longent la paroi interne de l'oeuf (photo de 2011)
Parallèlement, je recherche d'autre nids à titre informatif. La plupart de ceux que je trouve sont vides : il faut dire que cette période se situe entre la première et la seconde couvée de cette espèce, la plupart des oisillons ont déjà éclos et quitté le nid, mais les femelles n'ont pas encore pondu à nouveau.
Les nids se situent souvent dans des haies de feuillus ou sous des branches de lierre.
Les murs couverts de lierre et les buissons feuillus sont propices aux merles, qui nichent à environ 2 mètres du sol
J'ai déjà constaté qu'il était vain de chercher en forêt, y compris dans les sous-bois, car les merles nichent préférablement en ville ou dans les quartiers résidentiels.
Les forêts et sous-bois n'abritent aucun nid
Je mire à nouveau les oeufs : ils arrivent à terme, je vois l'oisillon bouger à l'intérieur. Le temps d'incubation normal est de 13 à 14 jours, ils devraient donc éclore à partir de demain. J'augmente largement l'humidité dans la couveuse afin de faciliter le bêchage.
L'oeuf est plein, seule la poche d'air est visible en transparence
Le premier oeuf a commencé sont bêchage dans la matinée, suivit du second quelques heures après.
La coquille commence à se craqueler (agrandir l'image)
Les deux oisillons ont commencé leur bêchage
Le premier finit par éclore aux alentours de midi.
Merle en train de naître (vidéo de 2011, © IS)
Il n'a pas l'air en forme, je remarque directement que son nombril est ensanglanté. J'ai lu qu'il s'agissait d'un problème courant chez les oisillons sortant trop rapidement de leurs oeufs. J'aménage rapidement en endroit stérile où isoler ce petit, en priant pour qu'il résiste à l'infection que sa blessure ne manquera pas de générer.
Un nombril mal cicatrisé est source d'infection pour le bébé
Comme je le craignais, l'oisillon s'affaiblit très rapidement et meurt moins d'une heure après, je n'ai même pas eu le temps de le nourrir...
Le second oisillon a entre-temps commencé à percer la coquille et il éclot sans la moindre complication en fin de journée. Il pèse 6g.
Le bec du petit dépasse de la coquille
En train de sortir de l'oeuf
L'oeuf après l'éclosion, la membrane est encore sanguinolente
J'aménage la couveuse de façon à lui faire un nid. Je laisse l'humidité très élevée ainsi que la température à 37,8°C.
Il ne réclame bizarrement pas la becquée. Je l'encourage et le stimule par ma présence, et j'arrive à lui donner une goutte de purée après 45 minutes. Je continue ainsi toutes les 30 minutes, puis toutes les 45 minutes durant la nuit.
L'oisillon reprend des forces et commence à piailler lorsqu'il réclame la becquée. Il n'arrive pas encore bien à lever la tête pour réclamer alors je lui donne à manger sur le dos (comme le font les parents à un stade aussi jeune) et dans ma main.
Les piaillements sont assez insistants (© IS)
Il a fait sa première crotte durant la nuit. Elle est beige/brune et a l'air saine. D'autres déjections suivent durant la journée, généralement au moment du nourrissage.
Les crottes doivent être beiges, jaunes ou brunes, jamais vertes ou oranges
Les plumes des ailes commencent déjà à pousser sous la peau, elles sont visibles en transparence. Le duvet du petit a par ailleurs séché et est d'avantage visible.
Les plumes poussent sous la peau
Il mange progressivement de plus grandes quantités, passant de une goutte à 0.5 ml par becquée en fin d'après-midi. Il a pris du poids et pèse 8g.
A partir de 16h30, il devient plus faible et réclame moins la becquée. Lors du nourrissage, je l'hydrate par la peau à l'aide d'un coton-tige imbibé d'eau tiède.
Il maigrit (7g) et ne réclame plus du tout la becquée. Je suis malheureusement obligée de le forcer à manger, ce qui comporte des risques pour sa santé, mais il est vital qu'il reprenne des forces.
Je l'incite à ouvrir le bec en appuyant des deux côtés de la base et je lui donne entre 0.5 et 0.8 ml toutes les 1h15 environ. J'ajoute de temps en temps une goutte de vinaigre de cidre au mélange afin de favoriser la digestion.
Dans le courant de la journée, il recommence faiblement à quémander, mais il est toujours dangereusement maigre. Les déjections sont normales, preuve que le transit se fait bien, mais il est très faible et peine à déglutir.
A 16h30 (il a donc environ 48h), il semble se rétablir et réclame à nouveau suffisamment pour que je cesse de le forcer. Il mange entre 0.5 et 1ml par becquée.
A 22h, il pèse 11g.
Il a désormais 72h et pèse 12g. Les plumes sont davantage visibles sous la peau.
Il évolue rapidement
Il est à nouveau plus faible : il réclame mais a de plus en plus de peine à avaler, comme s'il avait du mal à respirer. Il reste le bec ouvert, ne piaille pas, tend le cou, bat des ailes et semble chercher de l'air. Sa respiration claque à chaque inspiration. Je crains qu'une goutte de liquide soit passée dans la trachée lorsque j'ai dû le forcer à manger. Vu que nous sommes dimanche, j'envoie un e-mail à deux vétérinaires aviaires pour leur demander conseil.
Son état empire. Les déjections sont toujours normales (il y a même la partie blanches des urines qui se développe), il n'a donc pas de troubles digestifs mais je pense qu'il a contracté une affection des voies respiratoires.
Chez les oiseaux, l'urine et les fèces sont rejetées en même temps
Je cherche sur Internet des informations et éventuels traitements dans ce type de situation. Je compte téléphoner à un vétérinaire, mais je sais par expérience qu'il ne proposera probablement pas de soins aux jeunes oiseaux sauvages : il faut donc que ma requête soit ciblée pour avoir une chance d'obtenir une réponse satisfaisante.
Je tombe sur différents antibiotiques à large spectre, comme Erytavicol qui combat les maladies respiratoires et digestives. J'appelle donc le vétérinaire de garde et lui expose la situation. Comme prévu, celui-ci me répond qu'il ne connait pas l'antibiotique en question et que de toute façon il n'y a pas grand chose à faire. Il ajoute avec grande sensibilité que c'est perdu d'avance de s'occuper de ces jeunes oisillons. Il confirme néanmoins mes présupposés : les symptômes décrits lui évoquent une pneumonie par aspiration, qui se développe lorsque du liquide alimentaire passe dans les poumons (soit lors de la becquée, soit lorsqu'une partie du liquide présent de le jabot remonte).
Après avoir énergétiquement combattu pour obtenir d'avantage d'informations, je finis par lui demander s'il dispose d'embouts pour mes seringues d'un ml. Cela me permettra de mieux viser l'oesophage et d'éviter d'aggraver la situation... Sa réponse est positive et je me dépêche alors d'aller en chercher.
L'embout est fixé sur la seringue
J'augmente la fréquence de nourrissage mais je diminue les quantités afin qu'il puisse déglutir plus facilement. Malgré ces précautions, son état continue à se détériorer.
Je suis de plus en plus convaincue que sa seule chance pour combattre cette infection est à travers les antibiotiques. Je me souviens alors avoir employé l'année passé du marbocyl, un antibiotique à large spectre prescrit pour l'une de mes cailles qui s'était blessée la patte.
La bouteille de marbocyl
Je téléphone sans trop d'espoir à un vétérinaire aviaire qui, par chance, me répond même si nous sommes dimanche. Il me dit que le marbocyl est une bonne idée, même s'il y a peu d'espoir que l'oisillon puisse survivre. La pneumonie ronge les poumons et même si le petit survit aux antibiotiques et à l'infection, il est improbable qu'il se remette de sa maladie... Il cherche à me rassurer en m'expliquant que cette maladie est fréquente chez les petits passereaux car leur musculature rend la déglutition difficile durant les premiers jours de vie.
Je donne donc une goutte de marbocyl à l'oisillon.
A 18h, il semble aller un peu mieux. Il est par contre à nouveau très maigre, je dois choisir entre le forcer à manger (et risquer d'aggraver sa condition), ou l'affamer davantage. Je choisi le moindre des mots : il faut l'alimenter pour qu'ils ait la force de combattre l'infection.
A 20h, j'ai de plus en plus de peine à le nourrir car il se débat désormais pour rester assis. Je change donc tant bien que mal de position.
A 22h, son état est au plus mal : il a d'énormes difficultés respiratoires. Je lui redonne une seconde goutte de marbocyl (en ayant vu qu'il n'y a généralement pas de problème à la surdose, même pour de petits spécimens) et lui laisse 1h45 de repos avant de retourner le voir. Je crains qu'il ne passe pas la nuit.
Après une nuit catastrophique, il est miraculeusement toujours en vie. Je suis aussi épuisée que lui. Les troubles respiratoires se sont atténués, mais il est faible au point d'avoir de la peine à déféquer. Il ne réclame la becquée que sous intense stimulation.
Je continue à lui parler et à le stimuler lors des nourrissage. Cette attitude est déconseillée car elle renforce l'empreinte (attachement de l'animal à une "figure parentale"), mais j'ai constaté à plusieurs reprises que les bébés oiseaux étaient très réactifs à la voix et que cette motivation pouvait faire la différence dans des conditions difficiles (naissance prématurée, maladie,...).
Les plumes des ailes continuent de sortir et je le vois entrouvrir de temps en temps les yeux. Il pèse à présent 13g et a 4 jours.
A 13h, il subit une nouvelle série de troubles respiratoires. Je redonne une goutte d'antibiotique que je dilue dans la purée.
De 16h à 20h, son état oscille. Il semble lutter et j'ai du mal à le nourrir correctement. Je l'hydrate à l'aide d'un coton-tige afin qu'il ne perde pas trop d'eau.
21h30 : Je crois que les antibiotique ont finalement fait effet, car il respire nettement mieux et est beaucoup plus calme. J'espère que cette accalmie est bon signe. Je vais continuer à lui donner le marbocyl : j'ajouterai une goutte à la purée une fois toutes les deux becquées. Je donne un mélange légèrement plus épais ces prochains jours pour compenser le déficit nutritionnel (consistance de soupe).
23h : son état s'améliore encore. Il a repris son poids initial (13g) et ses déjections deviennent plus fermes. Il réclame tranquillement lorsque je lui donne la becquée et avale parfois l'embout de la seringue, ce qui me permet de déverser la nourriture directement dans son jabot et d'éviter tout risque lié à la trachée. Je peux lui donner d'avantage à manger, jusqu'à 1ml par heure. Pour qu'il avale bien, je le place durant quelques seconde sous la lampe infrarouge ; la chaleur lui fait tendre le cou et facilite le passage des aliments dans l'oesophage.
Il a 5 jours et pèse 14g.
Il devient plus difficile à nourrir car il est très actif et ne me laisse plus mettre la pipette au fond de sa gorge. Il quémande par contre bien plus souvent et entrouvre régulièrement les yeux lors de la becquée. Je lui donne moins de 0.5 ml par becquée et j'ai peur que cela ne suffise pas.
Le petit a la peau sur les os (agrandir l'image)
A 15h, il recommence à piailler faiblement. Cela signifie qu'il s'est remis de la pneumonie, je suis tellement soulagée !
A 23h, j'ai pu lui donner 2ml de nourriture, en 3 coups directement dans le fond de la gorge.
Il a bien mangé durant la nuit. Quant à moi, je commence à sérieusement manquer de sommeil et j'ai du mal à suivre le rythme. L'oisillon a maintenant 6 jours et pèse 16g. Sa maladie a retardé sa croissance, mais je suppose que ce décalage sera compensé sur le long terme.
Les plumes commencent à sortir des ailes. Elles se présentent sous forme de tubules (appelées papilles), comme chez les poussins nidifuges.
La forme du corps évolue (agrandir l'image)
Les plumes sont contenues dans de petits tubes qui s'ouvriront plus tard dans la croissance (agrandir l'image)
Les tubules des ailes sortent en premier
Les déjections changent de texture : les fèces sont entourées d'une poche blanche d'urine. C'est tout à fait normal. Pour déféquer, il se courbe en arrière et lève la croupe. Ce comportement est dans la nature censé éjecter les crottes en dehors du nid.
Les fèces et l'urine sont contenus dans une petite poche visqueuse
Entre-temps un des vétérinaires à qui j'avais envoyé un e-mail m'a répondu. Il m'avertit que les merles sont insectivores et que je devrais ajouter davantage de protéines à mes purées d'élevage. D'après lui il faudrait lui donner un mélange de croquettes pour chat broyées, de vers de farine, de pâtée pour chat, etc... C'est exactement le genre de "pâtée maison" qui provoque de nombreux décès et troubles digestifs, mais réfléchis à une alternative.
Après plusieurs heures de recherche et de téléphone à des centres, j'opte pour de la viande rouge broyée (steak de cheval cru). Plusieurs refuges m'ont précisé qu'il s'agissaient de la nourriture par défaut qu'ils donnaient aux oisillons recueillis.
Je mélange donc cette viande rouge et des vers de farine, puis je broie le tout finement de manière à rendre cela liquide. Je congèle le mélange pour pouvoir le conserver plus longtemps et j'ajoute des quantités progressives de cette mixture à la purée de base afin d'apporter un complément protéiné à l'animal.
Le mélange protéiné est congelé pour éviter la croissance des bactéries
Sur les conseils d'un vétérinaire, je mets également de temps en temps une petite goutte de vitamines pour oiseau dans la purée.
Complément vitaminé pour oiseaux
Je décide également de commencer à l'exposer au soleil durant la becquée, en ouvrant la fenêtre afin que les vitres ne stoppent pas les rayons. La fenêtre est munie d'une solide moustiquaire, au cas où.
En fin de journée, il a pour la première fois battu vigoureusement des ailes durant la becquée.
Il a 7 jours et pèse 19g.
Il a désormais beaucoup d'énergie, il bouge et piaille en permanence durant le nourrissage, si bien que je dois le maintenir dans un mouchoir pour administrer correctement la purée. Il ouvre souvent les yeux, quémande et mange entre 1 et 2ml par becquée (soit 10% de son poids). Pour qu'il ouvre le bec, s'il ne le fait pas spontanément, je sifflote ou je dépose une petite goutte de purée sur l'extrémité.
Lorsqu'il est maintenu dans un mouchoir ou dans la main, il s'endort spontanément
Je vais bientôt devoir lui trouver un nid plus grand afin qu'il ne tombe pas dans la couveuse.
Les plumes de la tête commencent à poindre, notamment à la base du bec.
De petites tubules poussent sous la peau à proximité du bec (agrandir l'image)
La tête est encore bien rose pour l'instant
Il a 8 jours et pèse 24g.
Son poids oscille durant toute la journée pour se stabiliser à 29g en fin de soirée. Il recommence à toussoter et devient plus faible. Je suis peut-être devenue paranoïaque, mais je remets une goutte de marbocyl dans sa purée à titre préventif.
Les tubules des ailes s'ouvrent lentement, laissant apparaître les plumes.
Les tubes se fendent et laissent sortir les plumes (agrandir l'image)
Il devient globalement moins rose (agrandir l'image)
Il se blottit souvent dans ma main pour rester au chaud lors du nourrissage (agrandir l'image)
Les autres parties du corps évoluent également ; les yeux s'ouvrent d'avantage et les plumes poussent sur les pattes, les flancs, le cou et la nuque.
Les yeux s'entre-ouvrent, mais je doute qu'il voie quelque chose à l'heure actuelle
Les plumes poussent également sur les pattes
Les tubules émergent de la nuque
Les déjections sont toujours saines.
Déjection en bon état
J'estime d'après son poids et sa croissance globale qu'il a environ un jour de retard sur ses congénères potentiel. Les données comparatives que j'ai pu trouvé sont néanmoins très rare et sujettes à interprétation...
Il a 9 jours et pèse 30g. Je le nourris à présent toutes les 2h durant la nuit, ce qui me permets de dormir un peu plus. Pour qu'il ouvre le bec, j'agite la seringue au-dessus de lui. La stimulation visuelle prend lentement le dessus sur les stimulations gustatives et auditives.
Tôt dans la matinée, une coupure de courant a eu lieu durant 2 à 3 heures. La couveuse s'est donc arrêtée ; je maintiens le petit au creux de mes mains et sur une bouillotte jusqu'à ce que l'électricité revienne.
Dans l'après-midi, il a de nouveaux troubles respiratoires et refuse de manger. Je vois qu'un petit morceau de purée séchée obstrue une partie de la trachée. Impossible de l'enlever à la main, je lui donne donc des gouttes d'eau chaude vinaigrée sur les bords du bec afin de ramollir ce caillot. Il va mieux quelques heures plus tard.
Je remarque qu'il essaie déjà de s'étirer et que les mouvements se sa tête deviennent plus précis, comme ceux des adultes. Outre les déjections normales et régulières (environ une fois par heure), il commence à déféquer de petites quantités lorsque je le manipule (notamment lors de la pesée). Peut-être est-ce dû au stress ? Ou à une purée trop liquide ?
Les plumes continuent pour leur part tranquillement de pousser et son corps devient plus anguleux et mieux équilibré (la graisse n'est plus uniquement localisée dans l'abdomen).
Les ailes commencent à biens se former (agrandir l'image)
Le corps change progressivement (agrandir l'image)
La peau devient plus claire à mesure que la chair s'y amasse
Les tubules de la queue font leur apparition
Les plumes des pattes continuent leur croissance
Il a 10 jours et pèse 36g.
Ses yeux restent enfin ouverts et les plumes sortent d'avantage, ce qui lui confère un air "ébouriffé". Il y a par contre toujours une grande différence entre les endroit plumés (dos, bande sur les flancs, haut des pattes, queue et ailes) et les endroits où la peau est nue.
Bec et yeux ouverts
Il garde à présent souvent les yeux ouverts durant le nourrissage (agrandir l'image)
Les parties roses du corps sont toujours totalement dénuées de plumes (agrandir l'image)
La première couche de plumes des ailes est sortie
L'extrémité des ailes est toujours sous forme de tubules
Pendant qu'il réclame, j'en profite pour faire des photos de sa trachée et de son oesophage. On peut voir les aliments descendre dans ce dernier lors de la becquée.
Anatomie générale des voies digestives et respiratoires hautes (agrandir l'image)
Les pattes se sont par ailleurs pigmentées, elles ont passé du rose au noir durant la nuit. Il commence à essayer de se tenir à genou et s'agrippe à l'aide de ses pattes.
Les pattes prennent des couleurs
Il possède toujours son petit diamant, une excroissance située à l'extrémité du bec et qui permet de casser la coquille de l'oeuf. Chez les nidifuges (poussins), le diamant tombe beaucoup plus rapidement.
Le diamant est une pointe rigide servant à percer la coquille (agrandir l'image)
Il a 11 jours et pèse 39g.
Les plumes des ailes ne changent pas beaucoup, mais celles du cou, du dos et des pattes se précisent. Pour la première fois, il a eu le réflexe de se nettoyer les ailes (il les lisse avec son bec, comme les adultes). Le duvet initial reste croché au bout des plumes, comme chez les oiseaux nidifuges.
Les tubules sont toujours bien là
Les plumes sous le cou sont bien sorties
La queue prend du relief
Les tubules de la nuque s'allongent et s'ouvrent
Ses piaillements changent de tonalité et deviennent plus rauques. Il ne piaille par contre plus du tout la nuit.
Les cris sont plus stridents (© IS)
Lorsqu'un bruit fort ou inconnu retentit, il s'enfonce dans lui-même et devient spontanément silencieux. J'ai déjà vu ce comportement instinctif chez des oisillons sauvages.
Position standard (agrandir l'image)
Position "enfoncée" (agrandir l'image)
Il quémande d’avantage, mais impossible de lui donner de grandes quantités car il ne lève pas le cou. J’arrive de temps en temps à mettre la seringue au fond de la gorge (je vois l’embout passer dans l’œsophage), mais il se rétracte et n’avale que lorsque les aliments sont déversés dans sa bouche. Je suis donc obligée de lui administrer 0.1 ml à la fois.
Le bec est toujours démesurément grand (agrandir l'image)
Ces jours-ci, la pipette ne peut pas être enfoncée très profondément (agrandir l'image)
En train de réclamer
Après le nourrissage, l'oisillon s'endort
Comme la purée se refroidissant rapidement, je la réchauffe de temps en temps lors du nourrissage à l'aide de la lampe infrarouge (qui, contrairement au micro-onde, est plus précise et ne fait pas s'évaporer l'eau).
La lampe permet de chauffer efficacement et précisément la purée
J'en profite pour filmer une partie du nourrissage :
De petites quantités sont données vu qu'il refuse l'embout (© IS)
Il a 12 jours et pèse 43g.
Il mange à nouveau d'avantage à la fois (0.15 ml par coup pour un total de 2.5 à 3ml par heure), mais je pense qu'il ne me laissera désormais plus mettre l'embout dans sa gorge. Je filme à nouveau le nourrissage et je capture au passage une vidéo où il défèque :
Il mange des quantités légèrement plus importantes (© IS)
La défécation est stimulée par le nourrissage, comme chez de nombreux animaux (© IS)
Les excréments deviennent plus volumineux, la poche blanche se raffermit.
Une déjection typique
L'oisillon devient très dynamique, il interagit beaucoup, bouge et sort parfois de son nid à l'intérieur de la couveuse. Il se met debout de temps à autre et piaille en permanence pour communiquer. Il n'a pas l'air perturbé que je parle une autre langue et ses cris sont similaires à ceux des autres merles sauvages.
La croissance se poursuit tranquillement, les plumes du corps couvrent d'avantage de surface et la tête fonce.
L'iris est difficilement distinguable de la pupille
On distingue moins le rose du corps
Je le vois se nettoyer régulièrement les ailes et je retrouve des morceaux de tubules au fond du nid. Les plumes apparaissent de plus en plus, elles sont étrangement moins colorées en sortant de la tubule, peut-être se pigmentent-elles après exposition au soleil ?
Les plumes sortent enfin
Le petit enlève les tubules lors de ses nettoyages
J'ai noté différentes techniques pour le faire quémander sans avoir à lui ouvrir le bec de force :
- changement de luminosité : le placer au soleil ou le couvrir d'un tissu qu'on retire d'un coup
- changement de température : la chaleur le fait "haleter", puis ouvrir le bec
- stimulation auditive : siffler ou parler avant la becquer. Les bruits forts fonctionnent également tant qu'il n'a pas peur
- stimulation mécanique : le déplacer (plus ou moins rapidement), ou le sortir de son nid
- stimulation visuelle : agiter la seringue au-dessus de sa tête
- stimulation gustative : placer une petite goutte de purée sur l'extrémité de son bec
Il s'agit dans tous les cas de variations rapides. Avec l'âge, les stimuli visuels prennent le dessus sur les autres.
Il a 13 jours et pèse 49g.
Les déjections sont chaotiques, il en fait 2 à 3 par heure, mais certaines sont composées uniquement de fèces. Je crains qu'il ait un peu la diarrhée. Je baisse la température de la couveuse et donne une purée plus épaisse pour réguler le transit.
Les plumes des ailes sortent de plus en plus des tubules.
Les extrémités sont foncées, mais à leur base elles sont grisâtres... (agrandir l'image)
Le plumage de l'oisillon ressemble de plus en plus à celui d'un adulte, malgré les zones roses encore bien visibles.
Le duvet est encore rattaché au plumage sous-jacent (agrandir l'image)
Les plumes de la tête se précisent
Il prend du volume
Il a 14 jours et pèse 54g.
Les plumes des ailes sortent de plus en plus, elles seront surement complètement dehors d'ici deux ou trois jours. Il s'est mis debout ce matin et a battu vigoureusement des ailes.
Les plumes sont bien visibles (agrandir l'image)
Il est plus alerte qu'avant (agrandir l'image)
Elles sont par contre vraiment blanches, ternes et en mauvais état ! Je pensais qu'elles se coloreraient après être sorties, mais cela n'a pas l'air de changer. Les merles sont souvent sujets à l'albinisme, mais en général la dépigmentation apparait en premier lieu sur la tête et sous forme de taches éparses. Dans mon cas, il s'agit plus probablement d'une carence alimentaire qui a mené à cette anomalie (peut-être en vitamine B2 ou B5), je vais donc rajouter de la purée à base d'oeuf (de la marque Schweizer) dans le mélange de base. Heureusement, les merles changent de plumage en automne (vers septembre) et muent à nouveau le printemps suivant. Si son alimentation redevient correcte, je pense qu'il ne gardera pas de séquelles. Son comportement n'a en tout cas pas l'air d'être affecté par cette problématique.
Les plumes des ailes sont dépigmentées (agrandir l'image)
Le plumage général est terne
Je lui donne également un ver de farine (dont je coupe la tête) directement dans le bec ; il devrait pouvoir le digérer facilement à cet âge.
Il a 15 jours et pèse 59g.
Les plumes des ailes sont presque totalement sorties en apparence. Les tubules les renferment encore sous le plumage, mais c'est une question de quelques jours pour qu'il soit totalement plumé. Le corps est également presque couvert. Il est intéressant de constater que la majeure partie du corps est nu ; les quelques endroits initiaux où les plumes ont poussé suffisent à couvrir tous les endroits non plumés.
Le plumage recouvre l'ensemble du corps (agrandir l'image)
Les plumes des ailes sont vraiment blanches... (agrandir l'image)
C'est encore plus flagrant au soleil (agrandir l'image)
Il se tient régulièrement débout durant la becquée, je peux même le poser par terre lorsque je le nourris, il est désormais stable, même s'il n'a pas encore assez d'équilibre pour se déplacer librement.
L'oisillon à genoux (les jambes se plient à l'envers par rapport à nous)
Ses déjections sont à nouveau régulières et saines, il en fait en moyenne deux par heure. Je diminue progressivement la température de la couveuse afin de pouvoir le mettre bientôt en cage.
Il a 16 jours et pèse 66g.
Il est maintenant assez plumé pour être passé dans une cage. De 6h à 16h, je diminue graduellement la température de la couveuse pour que la différence soit minime. Il ne restait déjà plus que quelques degrés de plus par rapport à la température ambiante.
Vu qu'il ne sait pas encore voler, j'installe la cage à même le sol et je ne mets que le fond de celle-ci (sans les barreaux). Je pourrais ainsi le nourrir plus facilement. Je tapisse ce fond de papier ménage et installe 3 nids dans les bords. Plus tard dans le soirée, j'aménage mieux l'enclos de manière à ce qu'il puisse monter et descendre de ses nids sans problème. Je m'installe à côté de lui, mais je pose des cartons entre nous afin qu'il ne me voie pas (sinon il réclame en dehors des heures de nourrissage). Une lampe infrarouge est placée durant la nuit à bonne distance en hauteur, mais je pense qu'elle ne sera pas nécessaire étant donné la chaleur de ces jours.
L'oisillon dans son bac (pas encore bien aménagé)
Il réclame la becquée en me voyant arriver
Je lui ai posé un vers de farine à côté. Après l'avoir regardé fixement, il finit par ouvrir grand la bouche et par piailler dans sa direction comme s'il attendait que le vers saute à l'intérieur. J'ai beaucoup ri.
Je parviens à le filmer lorsqu'il se balade dans l'enclos. Il commence à essayer de picorer (j'avais mis des grains sur le sol), s'étire, bat des ailes et fait sa toilette :
Tous les oiseaux (nidifuges compris) s'étirent à ma connaissance exactement de la même manière (© IS)
L'oisillon tente de picorer et se nettoie ensuite les plumes (© IS)
Il prend bien du poids. Les plumes de la queue commencent à pousser (aussi sous forme de tubules, mais juste au début). Elles sont pour l'instant bien pigmentées, signe que son alimentation s'est stabilisée.
Il est devenu bien gras (agrandir l'image)
Les plumes de la queue amorcent leur poussée
Le bec change, les bords mous et jaunes se réduisent pour donner une forme plus adulte. Le diamant est toujours présent, il va sans doute tomber d'ici quelque jours car il descend progressivement vers l'avant du bec.
Le diamant descend avec la croissance
Les pattes s'affinent elles aussi, elles sont devenues noires. Le petit se maintient avec force et parvient à rester débout en équilibre sur un perchoir (comme un doigt). Ses serres sont pointues et griffent la peau lorsqu'il s'y agrippe. J'essaie parfois de l'entrainer à battre des ailes en agitant doucement ma main.
Les pattes ont beaucoup changé depuis le début
Il se tient debout sans problème (agrandir l'image)
Il a 17 jours et il pesait ce matin à peine 68g car je ne l'avais pas du tout nourri de 23h30 à 06h (j'ai enfin pu avoir une nuit correcte...). Il repasse à 72g après quelques becquées. Il essaie souvent de picorer les graines au sol, sans trop de résultat pour l'instant.
Il sait maintenant sortir aisément de son bac, j'ai donc réaménagé la cage avec des barreaux et de petits perchoirs. Je lui mets des graines sur le sol ainsi qu'une petite gamelle d'eau. Lorsqu'il a faim, il s'agite dans sa cage en poussant de petit piaillements.
Il vole facilement sur ses perchoirs
Il réclame à manger (© IS)
Dans l'après-midi, il perd sensiblement du poids et ne réclame presque plus la becquée. Les déjections se font rares et sont gluantes. Je le nourris alors toutes les 40 minutes pour rétablir le rythme, en mettant moins de purée à base d'oeufs.
Il a 18 jours et pèse ce matin 69g. Son poids stagne, mais au moins il ne maigrit pas. Cette chute de croissance est normal lors du départ du nid, mais là j'ai l'impression que c'est trop rapide, il est encore jeune et pas assez lourd. Je me fie toutefois à des statistiques générales prises dans la nature et certaines concernent les oiseaux nidicoles mais pas forcément les merles.
Son poids est légèrement inférieur aux normes présumées (agrandir l'image)
Quoi qu'il en soit, il n'a pas l'air d'aller mal. Il est actif, picore souvent et quémande maintenant convenablement. Les déjections sont plus fréquentes (3-4 par heure en moyenne), mais nettement moins volumineuses. La poche qui les entourait a disparu.
Les crottes changent d'apparence
Dans l'après-midi, il reprend un peu de poids (73g). Je lui donne parallèlement à la purée de petits morceaux de viande rouge trempés dans de l'eau vinaigrée (vinaigre de cidre). Je lui ai aussi donné une mouche que j'avais capturée dans l'après-midi.
Son poids oscille, mais il reste plus ou moins autour de 70g (agrandir l'image)
Les plumes de la queue sortent d'avantage, elles sont bien noires, mais disposent de lignes de croissance (sortes de rayures indiquant un rythme irrégulier au début de la pousse).
Les plumes possèdent des stries témoignant d'une croissance troublée dans les premiers jours
Les plumes des ailes continuent à grandir, elles sont légèrement plus pigmentées vers leur base.
Les plumes des ailes s'allongent progressivement (agrandir l'image)
L'oisillon est en forme et continue sa croissance. Il recommence à prendre du poids, dépassant 80g le 7 et le 8 juin. Je me fais à présent relayer par mon conjoint pour le nourrissage. Nous lui donnons à manger toute les heures (de 06h à 23h), de la purée et des morceaux de viande rouge. Je rajoute parfois des crevettes pour tortue d'eau (conseillées par une animalerie) afin d'apporter un supplément de calcium.
Le jeune merle raffole de ces crevettes, je les laisse tremper dans l'eau pour les ramollir avant la becquée
Il picore par lui-même, mais ce n'est pas encore très performant. Il refuse parfois de manger la purée car il n'aime apparemment plus le goût ou la texture de celle-ci, je dois agiter un morceau de viande rouge au dessus de lui pour lui faire ouvrir le bec. J'ai l'impression qu'il cherche la diversité au niveau alimentaire.
J'aménage sa cage de manière définitive, la plaçant à côté de la fenêtre et enlevant la lampe infra-rouge. Je le sors régulièrement, mais toujours sous surveillance.
La cage où l'oisillon sera maintenu avant d'être relâché
Les plumes de la queue et des ailes s'allongent, permettant à l'oisillon de voler avec d'avantage d'aisance. Il peut maintenant voleter sur plusieurs mètres.
Les plumes s'allongent joliment
Le bec continue de s'effiler, les bords jaunes s'estompent progressivement et le diamant est tombé. De petits poils tapissent les bords du bec (sorte de vibrisses). Au flash, je constate que le tapis choroïdien de ses yeux est bleu.
Le diamant est tombé
Le fond de l'oeil reflète la lumière bleue
Il se tient à présent en permanence debout en équilibre sur ses perchoirs, parfois même sur une seule patte. Ses serres sont douloureuses et lassent de belles marques lors des nourrissages car l'oisillon glisse facilement sur la peau.
Il se tient debout jour et nuit
Les serres sont acérées (agrandir l'image)
L'oisillon a 24 jours le 10 juin. Il commence à manger par lui-même : il devient très curieux et entreprenant, explorant la pièce et picorant tout ce qu'il y trouve (pomme, vers de farine, graines, crevettes,...). Il sélectionne néanmoins au goût les éléments qui l'intéressent. Il n'arrive pas à manger de grandes quantités, mais est de plus en plus efficace.
En train d'essayer vainement de manger un morceau de pomme
Le jeune merle tente de manger par lui-même, c'est le début du sevrage (© IS)
Il demande parallèlement de moins en moins la becquée et ne supporte presque plus la purée. Je dois feinter avec des vers de farine et des morceaux de viande pour lui donner quand-même à manger à la seringue, mais je pense arrêter dans les jours qui viennent. Son poids stagne un peu, mais c'est normal au début du sevrage. Il s'essuie maintenant le bec sur son perchoir durant le nourrissage ; autre attitude instinctive. Je constate à nouveau que la plupart des comportements sont appris sans intervention des parents, ce qui est à la fois surprenant et rassurant pour son avenir.
Divers extraits du nourrissage lorsque cela fonctionne... (© IS)
Au niveau morphologique, les plumes et la queue continuent tranquillement de pousser. La stature générale du corps s'affine et s'équilibre, bien que le volume soit encore majoritairement localisé dans le ventre. Son piaillement change parfois de tonalité durant le nourrissage.
Le corps change de forme et devient moins rond
Les piaillements sont plus aigus et pressants lors de la becquée (© IS)
Lorsqu'il est hors de sa cage il vole de mieux en mieux, même si pour l'instant il est plutôt capable de planer que de décoller. Ses mouvements sont également plus vifs et alertes, comme ceux d'un adulte.
L'oisillon vole à présent plutôt bien. Je décide d'ouvrir sa cage afin qu'il puisse se balader librement, car il devient de plus en plus téméraire. Les plumes de la queue et des ailes sont bientôt terminées. J'ai retrouvé une plume d'aile au fond de la cage où je peux bien distinguer la limite de la dépigmentation.
Le plumage est bientôt achevé (agrandir l'image)
La plume montre une bande blanche qui correspond à sa carence ponctuelle
Je vide et nettoie donc la pièce à la balayette, il ne reste plus rien au sol. Il volette et s'aventure partout dans la chambre, s'activant à fouiller et picorer le sol et les meubles. Je lui installe de la nourriture sur un large support afin qu'il s'entraine à manger. Les parents sont censés nourrir les petits encore 3 semaines après l'envol, soit environ jusqu'au 40e jour de vie des oisillons. Il reste encore 15 jours pour ce petit, il a donc largement le temps d'apprendre à devenir autonome.
Le jeune merle explore son environnement et picore partout (© IS)
Il s'aventure dans les moindre recoins, il est même allé se réfugier sous l'étagère
Il regarde les lieux avec curiosités (agrandir l'image)
En train d'essayer de manger
Je le remets à chaque fois dans sa cage pour le nourrir, car il y est moins distrait et ouvre plus facilement le bec. Je change parallèlement de régime alimentaire : étant donné que mon animalerie de référence vient de fermer, je n'ai plus accès à des vers de farine. Je fouille donc la ville à la recherche d'autres aliments à donner à mon merle et je fini par acheter des vers de terre et des larves de teignes (sorte de gros vers blancs) dans un magasin de pèche.
Les larves de teignes dans leur pot (agrandir l'image)
Je ne peux pas récupérer les vers de terre dans la nature car il y a des chances qu'ils soient porteurs de parasites : ceux-ci peuvent se loger dans le système respiratoire des oisillons et y causer des dommages. Je donne les vers et les larves de teigne en morceaux afin que le merle les avale plus facilement, et j'en dispose quelques-uns dans le fond de sa cage pour stimuler ses réflexes de chasse.
Un morceau de ver de terre tenu dans la pincette (agrandir l'image)
Je continue bien sûr le régime à base de viande rouge et de crevettes pour tortue d'eau. Je donne de la purée tous les 4-5 nourrissages, pour un total de 2ml par jour. Je diminue la fréquence des becquées de moitié, en le nourrissant en moyenne chaque 2h. Si je fais un peu de bruit dans une autre pièce, il se met à appeler à travers la porte pour réclamer à manger. Ces piaillements sont très différents de ceux qu'il émet lorsque je me trouve dans son champ de vision.
Piaillements normaux (© IS)
Piaillements impératifs et agitation dans la cage (surtout le matin le ventre vide) (© IS)
En train de réclamer (s'il me voit il piaille également mais moins fort et avec le bec fermé)
L'oiseau a eu du mal a digérer les premiers vers de terre (l'enveloppe ressortait telle quelle), mais cela s'est amélioré au fil des jours. Les déjections sont assez anarchiques, elles sont plutôt liquides, contiennent peu de fèces et il est difficile de trouver une constante. J'espère que cela se stabilisera avec le temps.
L'une des nombreuses formes de déjections
Depuis le début de l'expérience, c'est la troisième fois que l'oisillon mange un cheveu (sans doute trouvé sur le sol) et que celui-ci se coince dans la langue... Par chance, cela s'est toujours bien terminé, le cheveu est sorti de lui même ou j'ai pu le retirer en coupant l'extrémité, mais cela commence à devenir agaçant. Les cheveux sont vraiment un handicap, j'ai déjà eu ce type de problème avec l'une de mes cailles (un cheveu s'était enroulé autour de sa patte). Étant donné que mon conjoint et moi-même avons les cheveux longs, il est difficile d'éviter que certains ne tombent par mégarde dans la pièce. Je redouble de vigilance : je me fais une tresse et passe la balayette deux fois par jour, en espérant que l'oiseau n'ira pas dénicher les seuls cheveux au sol...
Autre problème qui commence à devenir préoccupant, la peau de mes mains et des mes avant-bras est sérieusement endommagée à cause des lavages continus et de l'utilisation du désinfectant (cela fait tout de même un mois). Je vais réduire la fréquence et l'intensité de ces nettoyages tout en préservant l'hygiène nécessaire à l'oisillon.
Le désinfectant dessèche et irrite la peau
Dans le courant de la journée, juste avant l'un des nourrissages, l'oiseau a régurgité une petite pelote vraisemblablement constituée d'un amas de cheveux, fibres et de purée séchée.
Une pelote de régurgitation remontée directement du jabot
Je ne savais pas que les merles étaient capables de régurgiter ! Il s'agit probablement d'un comportement atypique suite à l'ingestion de corps étrangers. En tout cas cela c'est produit rapidement et sans douleur, je suis contente que cet amas ne soit pas passé dans les intestins.
C'est décidé, j'arrête de lui donner de la purée. Je le remets dans sa cage pour le reste de la journée ; il faut vraiment que j'arrive à éradiquer la moindre trace de cheveux dans cette pièce...
Pour le reste, il semble se porter assez bien. Il pèse environ 90g, ce qui est tout à fait dans la norme pour ses 28 jours de vie.
Dans le courant de la soirée, son état décline. Il somnole, ne réclame presque plus la becquée et surtout il régurgite une bonne partie des morceaux que je lui donne (tout type d'aliment). Il ouvre grand le bec et se secoue dans tous les sens pour éjecter la nourriture et le liquide. J'ai l'impression qu'il s'agit cette fois-ci de vomissements (depuis l'estomac) et non de régurgitation (depuis le jabot). C'est inquiétant.
L'oiseau est mal en point, il recrache les morceaux donnés et cherche à vomir (© IS)
Ce phénomène peut venir d'un grand nombre de facteurs : ingestion de corps étrangers (typiquement des cheveux), présence dans l'estomac d'aliments trop durs (typiquement une purée épaisse qui s'est mise en bloc), infection bactérienne (typiquement la conséquence des deux premiers facteurs à cause de la stagnation des aliments), ou autres critères pas plus rassurants.
Pour l'instant, je lui donne quelques gouttes d'eau tiède avec du vinaigre pour aider à dissoudre ce qui obstrue son système digestif. Je dilue une goutte de marbocyl dans ma tasse d'eau afin de peut-être parer à une éventuelle infection. Je cesse momentanément de le nourrir, mais je reviendrai dans deux heures pour lui donner une ou deux crevettes, et je procéderai ainsi jusqu'à ce qu'il aille mieux ou que son état requiert d'autres soins.
Comme prévu, je retourne le voir après deux heures. Il a l'air d'aller mieux, mais il recrache toute la nourriture sauf les morceaux de vers de terre... Il est très agité et vole partout dans sa cage, s'accrochant aux barreaux et faisant tout son possible pour en sortir. C'est un comportement étrange étant donné qu'il est 22h et qu'il fait très sombre, l'oisillon est normalement presque endormi à cette heure. Je lui donne 2-3 vers de terre et je le laisse tranquille jusqu'au lendemain.
Le 16 au matin, en en arrivant dans la pièce, je vois avec surprise que l'oisillon est trempé jusqu'aux os.
Pas très esthétique... (agrandir l'image)
On voit encore une fois que les plumes ne couvrent qu'une certaine partie du corps (agrandir l'image)
Quelques minutes après ; il laisse pendre ses ailes pour les faire sécher (agrandir l'image)
Il s'était apparemment baigné dans sa mangeoire d'eau, j'ai pu le voir répéter ce processus lorsque j'étais dans la pièce et il semble y prendre beaucoup de plaisir. Encore un comportement instinctif, apparemment. Je change donc sa mangeoire en un bac plus grand afin de lui donner plus de liberté de mouvement lorsqu'il se baigne.
Un peu plus tard, je pèse l'oisillon et je vois que sa mésaventure d'hier lui a fait perdre près de 10g ! Peut-être l'avais-je simplement trop nourri ? Il pèse maintenant environ 80g. J'essaye de lui donner de la viande, mais il détourne le bec, refusant visiblement ce type de nourriture. Je lui donne donc à partir de maintenant uniquement des vers de terre et quelques crevettes, deux aliments qu'il apprécie particulièrement.
On voit sur la dernière séquence qu'il se tient sur une patte, comme à son habitude (© IS)
Il n'a pas l'air d'avoir gardé de séquelles de ces troubles de régurgitation, ses crottes sont même redevenues saines après cet incident et le jeûne qui a suivit. Les déjections sont à présent plus sombres, plus fréquentes (3-4/h) et relativement fermes. Elles ont tendance à devenir noires avec le régime à base de vers de terre.
Les crottes ont enfin une apparence "normale"
Dans la journée, je parviens à me procurer à nouveau des vers de farine. J'en mets donc dans un bac au fond de sa cage avec des crevettes et des vers de terre. Je pose au dessus de ces proies des feuilles et des morceaux de papier ménage afin que le jeune merle s'entraine à chasser. Je constate avec ravissement qu'il arrive à manger seul une grande partie des vers et qu'il sait instinctivement fouiller sous les obstacles. Encore une fois, comme je l'ai déjà remarqué dans d'autres élevages et observations, les oisillons apprennent facilement les attitudes nécessaires à leur survie, même sans modèle parental (ce qui est surprenant !).
Le poids de l'oisillon reste très stable ces jours : il oscille entre 82 et 84g. Je le nourris seulement toutes les 1h30 à 2h afin de l'inciter à manger seul et qu'il accepte plus facilement ce que je lui donne. Je le laisse parfois sortir de sa cage, mais toujours sous stricte surveillance. Je dois nettoyer à nouveaux les sols pour le laisser sortir.
Je le laisse de temps en temps se dégourdir un peu les pattes hors de sa cage (agrandir l'image)
L'oisillon mesure à présent entre 20 et 25 cm et son plumage est magnifique ! Une bande foncée est apparue au dessus des ailes et les plumes de la queue se sont bien allongées ces derniers temps.
Le plumage est presque achevé (agrandir l'image)
La queue et les ailes s'allongent (agrandir l'image)
Une ligne de plumes sombres est sortie en dessus des ailes (agrandir l'image)
Il a environ atteint ses mesures finales (agrandir l'image)
Il sait désormais parfaitement bien voler, verticalement comme horizontalement. Il s'agrippe aussi plus fermement (notamment aux barreaux de sa cage) et a moins tendance à glisser.
En équilibre sur les barreaux de sa cage
Face externe d'un doigt (agrandir l'image)
Face interne d'un doigt (pouce)
Comme prévu, je nettoie à nouveau complètement la pièce afin de pouvoir laisser l'oiseau sortir librement. Je lave chaque recoins à l'aide d'un chiffon et j'enlève jusqu'à la dernière trace de cheveux et de poils de chats (je vous rassurent, mes chats n'ont jamais eu le moindre contact avec l'oisillon...). Heureusement, comme nous déménageons d'ici 3 semaines, la chambre est déjà pratiquement vide, il ne reste que les meubles de base.
La pièce est déjà bien vide
Je protège le matelas du lit à étage avec des sacs poubelle afin que les déjections de l'oiseau ne traversent pas les draps.
Les meubles sensibles sont protégés
Une fois la pièce propre, j'installe sur le sol une grande bassine d'eau (que je changerai plus tard par une plus petite) et un couvercle d'un mètre d'envergure où je dispose de la nourriture : vers de terre, vers de teigne, vers de farine, graines, fruits (prunes, nectarines, pommes, poires), crevettes pour tortues,... le tout mélangé à du terreaux afin que l'oiseau fouille par lui-même. C'est un grand terrain de jeu et de découverte.
Deux bacs sont aménagés pour faciliter le sevrage
J'ouvre alors sa cage et je le laisse gambader librement. Il ne tarde pas à se baigner dans le bac et à voleter partout.
Il se nettoie vigoureusement (© IS)
Il se défoule en voletant dans la pièce (© IS)
Au passage, je constate que les plumes de ses ailes repoussent noires une fois qu'elles sont tombées. La plumes que j'avais retrouvée au fond de la cage il y a quelque temps a repoussé et est parfaitement pigmentée. La décoloration était donc bien momentanée et sans doute due à une carence en protéine dans les premiers jours de vie. L'oiseau retrouvera un plumage normal d'ici quelques mois.
Les plumes repoussent noires (agrandir l'image)
Il perd un peu de poids durant les jours qui suivent, descendant aux alentours de 80g. Je ne m'inquiète pas encore car il sait de mieux en mieux manger par lui-même.
Il arrive enfin à manger seul (© IS)
Je le nourris nettement moins souvent, environ 5 fois par jour. J'entre surtout dans la pièce pour lui tenir compagnie et lui remettre de la nourriture. Il piaille en permanence lorsque je suis là, mais c'est plutôt pour communiquer que pour réclamer à manger (il refuse d'ailleurs de plus en plus la becquée). Je le retrouve souvent perché sur sa cage ou couché sur le couvercle de ma panière à linge.
Couché sur le bac à linge sale (agrandir l'image)
Perché sur la barre du lit (© IS)
Je continue à nettoyer régulièrement la pièce pour la maintenir propre (enlever les déjection, les cheveux,...). Je porte un bandana lorsque je rentre dans la chambre afin d'éviter d'y emmener trop de cheveux.
Je remarque que l'oiseau est très sensible aux changements de couleurs. Il panique durant plusieurs minutes lorsque je change de pull et réagit violemment (claque du bec) lorsque je lui présente un objet étranger de couleur vive. C'est une bonne chose qu'il maintienne cette méfiance pour sa survie ; il ne doit pas s'habituer au humains en général.
Il claque du bec devant un objet inconnu (© IS)
L'oiseau sait de mieux en mieux se débrouiller et devient plus distant au niveau relationnel. Je prends moi-même de la distance afin de facilité son indépendance et son retour à la vie sauvage. Je diminue la fréquence des repas à 3 fois par jour afin de le stimuler encore davantage à manger seul.
J'augmente le volume de terre dans le bac où se trouve sa nourriture et j'y intègre d'autres type d'aliments prélevés à l'extérieur (sauterelles, escargots, épis de blé,...). Je place également de la végétation dans le bac, notamment des feuilles afin que l'oiseau apprenne à les soulever. Encore une fois, je constate que l'animal apprends facilement par lui-même.
Je commence à planifier la libération de l'oiseau. Comme celui-ci a maintenant un mois et demi, il est normalement prêt à se débrouiller seul (dans la nature ils quittent le territoire parental vers un mois - un mois et une semaine). Je projette de le relâcher la semaine suivante, pour lui donner encore un peu de temps d'apprentissage. Mon conjoint et moi déménageons au Canada dans moins de deux semaines, cela nous laissera le temps de nettoyer l'appartement sans stresser l'oiseau.
Je le libérerai sans doute dans un endroit proche des quartiers résidentiel, à 2-3 kilomètres de chez moi, là où j'ai pu voir la plus grande population de merles et où le nombre de renards et de corvidés est limité (bien qu'il y ait des chats...). Je cherche encore un endroit isolé où je pourrais m'installer, car je compte rester sur place quelques jours afin de laisser un point de repère à ce jeune adulte. Je disposerai une importante quantité de nourriture dans les environs durant plusieurs jours et je m'arrangerai pour me placer à proximité d'un point d'eau.
Ce matin, mon conjoint se lève pour nourrir le volatile et revient me réveiller d'un air inquiet : l'oiseau a disparu. Je me précipite dans la pièce et appelle en vain l'animal. Nous fouillons minutieusement chaque recoin de la chambre en vain, l'oiseau a bel et bien disparu. En regardant plus attentivement la fenêtre, je constate qu'une partie de la moustiquaire a apparemment été sectionnée par l'oiseau pour se frayer un chemin vers l'extérieur.
L'oiseau avait apparemment vraiment envie de sortir...
Paniquée (vu que nous sommes au 8e étage d'un immeuble !), je cours en bas du bâtiment pour vérifier que le petit ne s'est pas écrasé au sol. Il savait heureusement très bien voler et je pense qu'il est parti se percher dans le grand parc qui fait face à notre maison. Nous passons des heures à le chercher et à l'appeler dans les environs de l'appartement, mais impossible de le retrouver...
Je sais qu'il est capable de s'en sortir à ce stade de son éducation, mais j'aurais préféré le relâcher dans de meilleures conditions afin que la transition soit plus douce. Malheureusement je n'ai aucune chance de le retrouver. Je décide malgré tout d'afficher une annonce sur la porte de mon bâtiment ainsi que des maisons adjacentes au cas où l'in des occupants l'apercevrait.
10 affiches sont dispersées dans les environs (agrandir l'image) :
Je retournerai le chercher toutes les 2h30 jusqu'au soir, puis 2 fois le lendemain. Heureusement, le temps est mauvais ces prochains jours : il pleut légèrement, ce qui permet d'une part à l'oiseau d'avoir de l'eau et de la nourriture à disposition (vers de terre) et d'autre part de rester tranquille. Le quartier dispose de beaucoup d'espaces verts et la circulation y est relativement réduite, ce sera un atout non négligeable pour son nouveau départ dans la vie.
Comme j'avais prévu de le faire en temps normal, je prépare une grande quantité de nourriture à disposer dans les environs. Même si l'oiseau n'en profite pas directement, cela permettra de diminuer la concurrence dans le secteur. Toutes les 2h30, je sors donc et je disperse des graines, vers de terre, vers de teignes, fruits, crevettes,... partout dans un très large rayon autour de mon immeuble.
- Jour 59-60 : 02-03 juillet 2012(sommaire)
Dès le matin, je recommence à chercher l'oiseau et à répartir de la nourriture. A ma grande surprise, je vois qu'une bonne partie des affiches ont été déchirées avec violence et jetées à la poubelle... je me demande si cela aurait été le cas avec une annonce concernant un chat perdu...
Les jours passent, mais toujours aucun signe du volatile. Je m'y attendais. Heureusement, j'ai confiance en son autonomie et je pense qu'il saura sans doute s'adapter à son nouvel environnement. Je vais donc arrêter de le chercher, mais je continuerai à disposer de la nourriture durant quelques jours afin de faciliter la transition dans le cas où il serait resté dans les environs. C'est dommage que je n'ai pas pu suivre et photographier son premier vol à l'extérieur.
Après ces deux mois d'élevage, je termine ici ce témoignage. Merci aux internautes qui ont pris le temps de suivre ce déroulement.
- Courbe de croissance : 17 mai - 27 juin 2012(sommaire)
Durant toute l'expérience, j'ai pesé l'oisillon de nombreuses fois par jour. Je poste la courbe de croissance obtenue au final :
Évolution du poids de l'oisillon en fonction de son âge (graphique fait par Cyril Lagger) (agrandir l'image)
Commentaires
A part les accidents, les problèmes de pattes chez les oiseaux sont souvent dus à des carences alimentaires. Je ne me souviens plus si ce sont des vitamines ou des sels (calcium etc.) qui sont le plus souvent fautifs.
Je ne sais pas l'état des pattes de votre petit, mais dans tous les cas vous devriez en parler à un vétérinaire aviaire pour voir s'il y a moyen d'améliorer sa condition. A votre place j'ajouterai également des vitamines en gouttes dans son eau quelques temps (voyez avec le vétérinaire ou dans une animalerie, attention à ce que les dosages soient appropriés pour un oiseau). Et faites bien attention à diversifier sa nourriture afin qu'il ait tous les nutriments nécessaire. Vous pouvez vous documenter sur la nourriture "standard" de cette espece à l'état sauvage et lui proposer ce type d'aliments. C'est également un bon moyen de le divertir et lui faire découvrire de nouvelle choses.
Bonsoir,
Je ne sais pas à quel point il est capable de se débrouiller dans la nature (les pigeons peuvent par exemple s'en sortir même avec un moignon). S'il est vraiment trop handicapé, peut-être pouvez-vous le donner à un refuge ou un zoo spécialisé dans les animaux locaux, ou alors le garder en tant qu'animal de companie ou le proposer à l'adoption. Je vous suggère de prendre contact avec un refuge ou un vétérinaire avaire afin qu'il puisse évaluer ses options et vous guider vers les bonnes personnes dans votre région.
Merci à vous d'en prendre soin, j'espère que tout se passera bien pour vous deux.